Conférence-Débat du 24/11/2009 - Organisée par la Mairie de Marly le Roi à la Salle des Fêtes de Marly le Roi
Thème : Comment aider son enfant à grandir, à réussir ?
Intervenants :
- Murielle Geoffray - Médiatrice familiale à Marly le Roi- membre de l'APCE (Association pour le couple et l'enfant) dont l'antenne régionale est à Poissy
- Ghislaine Meyer - Conseillère conjugale à Marly le Roi - Intervient également dans le cadre de la PMI de Marly le Roi ainsi que dans le domaine scolaire (en particulier auprès des 5e du collège de Marly sur le thème de la "vie affective")
- Laure Nastorg - Juriste - Association Mes Droits d'Enfants (AMDE) : Assure des permanences juridiques à Marly sur les questions en rapport avec le droit de la famille. Egalement Assesseur au Tribunal pour Enfants -
- Annick Echapasse - Psychothérapeuthe et Psychanalyste - Membre de l'association "ACréation Mot de Passe" qui intervient dans la prévention pour les enfants/ados (concept de prévention primaire globale, consultations classiques). Intervention dans des établissements scolaires ainsi que dans le cadre de la Formation continue auprès de professionnels du terrain.
- Serge Chapon, Maire-Adjoint en charge du CLSPD
EN RESUME :
Il est conseillé aux parents de :
1/ Savoir dire "non"
2/ Apprendre la patience
3/ Ne pas être un "parent-copain"
4/ Mettre la vie en mots et apprendre à leur enfant à le faire
SI VOUS VOULEZ EN SAVOIR PLUS :
1/ Exposé de Mme Echapasse sur les effets générationnels et la fonction de parents :
La génération précédente a été éduquée sous une plus grande contrainte, avec moins de liberté de choix : d'où une certaine inhibition.
La génération actuelle des jeunes a été éduquée de façon différente et ne présente pas cette caractéristique-là. D'où pour les parents que nous sommes l'obligation de développer de nouvelles compétences...
Le rapport de la société actuelle à l'immédiateté (via internet, via le téléphone portable, ou encore via les repas à toute heure, hors contraintes) a des conséquences sur l'enfant : il n'est plus confronté à une limite ordinaire, telle que l'attente.
On note depuis la fin des années 90 le développement de phénomènes d'addiction chez de nombreux jeunes lorsqu'ils se trouvent en situation de solitude ou d'ennui : confrontée à une telle situation, le jeune recourt à des choses qui lui apportent une réponse immédiate à son besoin de se rassurer (téléphone portable, internet, alimentation).
Pour Mme Echapasse, les parents doivent assumer de poser des limites (que ce soit dans l'utilisation de ce genre de choses ou dans d'autres domaines) et d'être détesté. Il faut développer en tant que parents la capacité à rencontrer le conflit avec ses enfants.
Mais en pratique, on constate une grande fatigue des parents, et leur hésitation à savoir poser la limite et à affronter la réaction de leur enfant (qui selon l'âge peut aller des hurlements, à la bouderie, ou encore aux violences verbales).
Or, on peut observer que trop d'immédiateté et l'absence de limite ont les effets suivants :
- Troubles du sommeil (l'endormissement n'est possible qu' avec de la musique ou avec un écran allumé). Ces troubles expriment la difficulté à affronter la séparation que représente la nuit.
- Difficultés de concentration
- Difficultés à attendre, à rêver (savoir créer de la pensée, sans manger, ni boire, ni téléphoner)
Par ailleurs, pour Mme Echapasse, la création de la notion de "Droits des enfants"a eu des conséquences positives mais aussi négatives :
Elle est positive principalement dans le cadre de la lutte contre les abus sexuels ou contre le travail des enfants car elle a posé des limites à l'adulte, qui n'est plus considéré comme tout-puissant.
Cependant la création de la notion de "Droits des enfants" a engendré des effets négatifs : en étant isolée de la notion des "Droits de l'homme", la notion des "Droits des enfants" cherche à disqualifier les parents. Elle crée une confusion psychologique sur le mode : "tu me respectes, je te respecte, on parle d'égal à égal". Les enfants remettent tout en cause, font des tentatives de "troc" (je fais cela si toi tu fais cela), sont en recherche permanente d'égalité.Or, il est important de qu'ils comprennent la différence générationnelle : il faut que les enfants acceptent le principe de la disymétrie de la relation, l'idée que l'adulte a quelquechose de plus que lui (l'enseignant a plus de savoir que lui et la mission de lui transmettre, le parent a autorité sur lui pour l'éduquer, etc.).
De même, le principe de l'égalité des sexes a engendré une grande complexité dans la tête des ados. Il y a confusion entre l'égalité citoyenne et l'égalité biologique. Cela entraîne de nouveaux comportements de recherche identitaires chez les ados.
Dans son travail sur la façon dont les enfants "digèrent" la société qui l'entoure, Mme Echapasse a constaté que le Sida a eu lui aussi des effets sur le psychisme : Avec la médiatisation du Sida, il y a eu mise sur le champ public de quelque chose qui vient du champ de l'intime. Il faudrait aider l'enfant à se reconstruire des "boites" bien distinctes, maintenues fermées par des "portes". Car les enfants ont des difficultés aujourd'hui à distinguer le "public" de "l'intime". Le sexuel (qui implique chez le jeune des questions du style "qui suis-je") ne se refoule plus. Il y a même une forte insistance des medias à ce que le sexuel soit visible.
2/ A l'occasion de questions et témoignages du public, les différents intervenants ont également évoqué les questions suivantes :
Concernant la question de l'alcoolisation des ados (de plus en plus jeunes, et dans une recherche d'alcoolémie extrême), Mme Echapasse fait remarquer qu'il s'agit là d'une façon de rechercher les limites dans la réalité. En fait, il appartient aux parents de fixer les limites aux jeunes et d'accepter les conflits qui en découlent. Le conflit fait grandir, il faut l'accepter. Face à l'absence de limites à la maison, l'ado ira chercher les limites à l'extérieur, dans des conditions bien plus risquées que celle d'un conflit familial.
Question des parents divorcés : il est important qu'il y ait un respect mutuel entre les ex-conjoints. Le parent doit savoir inclure toujours l'autre parent dans ses discussions avec le jeune, savoir nommer l'ex-conjoint, même s'il est absent depuis longtemps. Il faut essayer de ne pas revivre à travers l'enfant les difficultés rencontrées avec l'ex-conjoint.
Familles recomposées : il est conseillé de donner un "préfix", sorte de surnom, au beau-parent, qui marque le fait qu'il est un aîné qui participe à son éducation et non pas "l'amant de service", seulement de passage. L'appeler par son prénom engendrerait ce genre de méprise.
Savoir être seul : "La capacité à être seul est de l'ordre du talent" (Mme Echapasse) : il faut que le jeune sache rêver, jouer, penser sans forcément "se remplir" (de musique, d'aliment, d'images vidéos). Pas question cependant de laisser seul le jeune trop longtemps à son retour de l'école : il est important de lui donner un interlocuteur quand il est seul à la maison (un voisin, par exemple). Il est important de tisser des liens avec le voisinage pour que le jeune se sache entouré. C'est important également de l'appeler du bureau quand le temps de solitude est long.
L'aider "à mettre en mots" : Quand nous, parents, rentrons à la maison, il est important de parler avec le jeune : qu'il ait la capacité de mettre en mots la journée. Lui expliquer que oui, la vie n'est pas toujours facile et que c'est difficile de grandir.
Savoir dire non, ce n'est pas humilier : Il est important pour l'enfant de se sentir reconnu : quand on lui dit "non", ne pas hurler, rester serein. Attention à l'humiliation : les parents doivent parler au jeune loin des autres, hors de la présence des frères, d'un voisin.
Soirée d'ados :
Ne pas hésiter à contacter les parents du camarade qui invite pour vérifier s'ils seront présents lors de la fête. Il est important de développer une solidarité entre parents. Ne pas avoir peur d'être "l'enquiquineur de service". Il a été constaté que les excès (en matière d'alcoolémie ou d'ordre sexuel) ont lieu lorsque les parents ont laissé la maison aux enfants. Il faut aussi aller chercher le jeune à l'heure qui a été fixée.
La drogue :
c'est parfois l'expérimentation de son corps dans ses limites. L'ado cherche des frontières (cf ci-dessus).
Créativité :
Il faut savoir faire quelquechose qui ne soit pas "coté".
Claire MICHEL-27/11/2009